25/02/2010
lu # 14
“ Tout au long de cette vie tumultueuse où j’ai donné la joie sur d’innombrables sommiers dont j’ai oublié le nom, j’ai compris qu’on pouvait juger de la sensualité d’une femme, ou d’un homme, bien sûr, mais ce n’est pas tellement mon truc, simplement en observant son comportement à table. Prends-en de la graine, jeune dragueur qui m’écoute. Celle-là qui chipote devant les plats nouveaux exotiques, celle-là qui met de l’eau dans le pauillac, qui grimace au-dessus des pieds de porc farcis, qui repousse les myrtilles à côté du filet de sanglier, celle-là crois-moi, n’est pas sensuelle, c’est évident! Comment voulez-vous qu’une femme qui renâcle devant une saucisse de Morteau puisse prendre ensuite quelque plaisir? ”
Pierre Desproges, Réquisitoire contre Gérard Vié, Editions du Seuil
Libellés :
lire
22/02/2010
vu # 23
J'ai déjà présenté le travail de minimiam ici, mais ce cliché-là me paraît tout-à-fait adapté pour la saison! Et très réussi comme “foodscape” (= un paysage fait à partir d'aliments).
Photo © Akiko Ida & Pierre Javelle
www.minimiam.com
Photo © Akiko Ida & Pierre Javelle
www.minimiam.com
Libellés :
voir
20/02/2010
vu # 22
la cuisine filmée – 3
La grande bouffe, Marco Ferreri, 1973.
Montaigne considérait la gourmandise comme une “science de la gueule”. C'est en experts de cette science que les quatre personnages principaux de ce film, incarnés par Mastroianni, Noiret, Piccoli et Tognazzi, se retrouvent dans une belle propriété le temps d'un weekend, pour un soi-disant “séminaire gastronomique”. Tous semblent se consacrer avec appétit et plaisir à la préparation et à la consommation de repas gargantuesques. La “bouffe” se révèle pourtant très vite être une obsession constante, tout comme l'activité sexuelle qui complète ce monde dans lequel les protagonistes s'enferment peu à peu. De l'impulsion incontrôlable au sentiment d'écœurement, chacun finit par payer de sa vie cette vanité.
Marco Ferreri, qui provoqua un énorme scandale lors de la présentation de ce film au Festival de Cannes de 1973, dénonce ici une classe sociale décadente, qui consomme sans joie ni amour pour soi ou pour les autres. L’audace, l’humour noir, et la crudité du propos donnent à “La Grande Bouffe” une charge réflexive auquel personne ne reste indifférent.
Le réalisateur, s'exprimant à propos de son film à l'époque de sa sortie, déclarait: “On va me reprocher, on me reproche le mauvais goût, la pornographie de ce film. Mauvais goût, bon goût, qu’est-ce que ça veut dire? Le président Nixon, c’est du bon goût? Le président Nixon, c’est le président Nixon.”
La grande bouffe, Marco Ferreri, 1973.
Montaigne considérait la gourmandise comme une “science de la gueule”. C'est en experts de cette science que les quatre personnages principaux de ce film, incarnés par Mastroianni, Noiret, Piccoli et Tognazzi, se retrouvent dans une belle propriété le temps d'un weekend, pour un soi-disant “séminaire gastronomique”. Tous semblent se consacrer avec appétit et plaisir à la préparation et à la consommation de repas gargantuesques. La “bouffe” se révèle pourtant très vite être une obsession constante, tout comme l'activité sexuelle qui complète ce monde dans lequel les protagonistes s'enferment peu à peu. De l'impulsion incontrôlable au sentiment d'écœurement, chacun finit par payer de sa vie cette vanité.
Marco Ferreri, qui provoqua un énorme scandale lors de la présentation de ce film au Festival de Cannes de 1973, dénonce ici une classe sociale décadente, qui consomme sans joie ni amour pour soi ou pour les autres. L’audace, l’humour noir, et la crudité du propos donnent à “La Grande Bouffe” une charge réflexive auquel personne ne reste indifférent.
Le réalisateur, s'exprimant à propos de son film à l'époque de sa sortie, déclarait: “On va me reprocher, on me reproche le mauvais goût, la pornographie de ce film. Mauvais goût, bon goût, qu’est-ce que ça veut dire? Le président Nixon, c’est du bon goût? Le président Nixon, c’est le président Nixon.”
Libellés :
voir
18/02/2010
lu # 13
Identités [culinaires] nationales - 3
Il gusto Mc Donald's parla italiano (le goût Mc Donald's parle italien). Voici le slogan avec lequel a été lancée il y a quelques semaines à Rome une version italianisée du burger, le Mc Italy. Soutenue par le ministre italien de l'agriculture Luca Zaia, l'opération vise à offrir au consommateur un hamburger préparé uniquement à base de produits italiens: pain, viande, salade et fromage proviennent de l'agriculture nationale. Ce projet d' “italianisation d'un goût global” (ou s'agit-il d'une “globalisation du goût italien” ?) a déjà provoqué une série de réactions. A l'origine de cette polémique, un article du journaliste du Guardian Matthew Fort, qui juge le Mc Italy comme un “acte monstrueux de trahison nationale”. Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food, tempère quelque peu le propos mais exprime néanmoins des doutes quant au soutien que cette collaboration avec Mc Donald's est censée apporter aux paysans italiens. D'après lui, le risque majeur de cette opération est une perte d'identité culinaire et une standardisation du goût. Après tout, c'est ce qui est arrivé à la pizza, dont la version industrielle n'est plus qu'une pâle évocation de l'original.
Mais l'identité culinaire de l'Italie dans le monde n'est pas seulement menacée par le Mc Italy. Dans un article du Corriere della Sera du 17 janvier 2010, on apprend qu'une des recettes italiennes les plus connues est aussi la plus maltraitée par les cuisiniers de la planète: l'authenticité du ragù alla bolognese (sauce bolognaise) doit aujourd'hui être sauvée. C'est ce qu'ont décidé les chefs organisateurs de la Journée Mondiale des Cuisines Italiennes. Cet événement annuel a vu cette année 440 chefs de 50 pays préparer ce plat de pâtes dont la sauce a été inscrite en 1982 auprès de la chambre de commerce de Bologne, après que le calibre des tagliatelle avec lesquelles elle est servie ait été breveté en 1972 déjà. Cette autre opération culinaire visait à améliorer le standard de qualité et d'authenticité de la cuisine italienne dans le monde. Un retour au goût, en somme.
La complexité de la question réside en fait dans la réalité soulignée par Carlo Petrini et d'autres, notamment John Dickie dans son livre “Con gusto”. Au fond, dit Petrini, il n'existe pas une identité du goût italien, mais bien une série de goûts et de recettes qui, tels les dialectes, rendent la cuisine italienne si variée et donc si intéressante. Et c'est bien l'appauvrissement de ces goûts régionaux et, en amont, des paysans eux-mêmes, qui constitue une réelle menace pour la cuisine italienne.
Il gusto Mc Donald's parla italiano (le goût Mc Donald's parle italien). Voici le slogan avec lequel a été lancée il y a quelques semaines à Rome une version italianisée du burger, le Mc Italy. Soutenue par le ministre italien de l'agriculture Luca Zaia, l'opération vise à offrir au consommateur un hamburger préparé uniquement à base de produits italiens: pain, viande, salade et fromage proviennent de l'agriculture nationale. Ce projet d' “italianisation d'un goût global” (ou s'agit-il d'une “globalisation du goût italien” ?) a déjà provoqué une série de réactions. A l'origine de cette polémique, un article du journaliste du Guardian Matthew Fort, qui juge le Mc Italy comme un “acte monstrueux de trahison nationale”. Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food, tempère quelque peu le propos mais exprime néanmoins des doutes quant au soutien que cette collaboration avec Mc Donald's est censée apporter aux paysans italiens. D'après lui, le risque majeur de cette opération est une perte d'identité culinaire et une standardisation du goût. Après tout, c'est ce qui est arrivé à la pizza, dont la version industrielle n'est plus qu'une pâle évocation de l'original.
Mais l'identité culinaire de l'Italie dans le monde n'est pas seulement menacée par le Mc Italy. Dans un article du Corriere della Sera du 17 janvier 2010, on apprend qu'une des recettes italiennes les plus connues est aussi la plus maltraitée par les cuisiniers de la planète: l'authenticité du ragù alla bolognese (sauce bolognaise) doit aujourd'hui être sauvée. C'est ce qu'ont décidé les chefs organisateurs de la Journée Mondiale des Cuisines Italiennes. Cet événement annuel a vu cette année 440 chefs de 50 pays préparer ce plat de pâtes dont la sauce a été inscrite en 1982 auprès de la chambre de commerce de Bologne, après que le calibre des tagliatelle avec lesquelles elle est servie ait été breveté en 1972 déjà. Cette autre opération culinaire visait à améliorer le standard de qualité et d'authenticité de la cuisine italienne dans le monde. Un retour au goût, en somme.
La complexité de la question réside en fait dans la réalité soulignée par Carlo Petrini et d'autres, notamment John Dickie dans son livre “Con gusto”. Au fond, dit Petrini, il n'existe pas une identité du goût italien, mais bien une série de goûts et de recettes qui, tels les dialectes, rendent la cuisine italienne si variée et donc si intéressante. Et c'est bien l'appauvrissement de ces goûts régionaux et, en amont, des paysans eux-mêmes, qui constitue une réelle menace pour la cuisine italienne.
Libellés :
lire
17/02/2010
08/02/2010
lu # 12
blog bédé
Guillaume Long est un dessinateur suisse. Son blog A boire et à manger, consacré à la nourriture, est hilarant. Voir par exemple ses “Dix commandements de la raclette”; c'est de saison.
Guillaume Long est un dessinateur suisse. Son blog A boire et à manger, consacré à la nourriture, est hilarant. Voir par exemple ses “Dix commandements de la raclette”; c'est de saison.
Libellés :
lire
05/02/2010
vu # 20
la cuisine filmée – 2
Tampopo, Juzo Itami, 1986.
Le camionneur Goro se réfugie par une nuit de pluie dans le noodle shop de la veuve Tampopo pour s’y restaurer. Il porte un jugement sans appel sur la soupe de la cuisinière: elle manque de goût et de caractère. Tampopo rêve de trouver la recette de la ramen (soupe de nouilles) parfaite et de faire de son établissement le meilleur noodle shop du quartier. Ainsi débute le long et exigeant apprentissage d’un art culinaire auquel Tampopo se soumet avec une discipline et une assiduité toutes japonaises. Elle est aidée dans cette entreprise par un groupe bigarré: Goro, son ami Pisken qui a un faible pour l’apprentie-chef, ainsi qu’un vieil homme appelé “le maître”.
Les scènes de préparation et de dégustation de la soupe illustrent le lien passionnel que les Japonais entretiennent avec leur cuisine. Juzo Itami entrecoupe le récit de cette quête culinaire de petites histoires satiriques, érotiques et poétiques qui racontent les rituels qui entourent l’acte de manger et les émotions qui en font partie.
Qualifié de “noodle western” par son réalisateur, le film porte un regard ironique et impertinent sur une culture du manger basée sur la rigueur, la précision et la perfection.
Tampopo, Juzo Itami, 1986.
Le camionneur Goro se réfugie par une nuit de pluie dans le noodle shop de la veuve Tampopo pour s’y restaurer. Il porte un jugement sans appel sur la soupe de la cuisinière: elle manque de goût et de caractère. Tampopo rêve de trouver la recette de la ramen (soupe de nouilles) parfaite et de faire de son établissement le meilleur noodle shop du quartier. Ainsi débute le long et exigeant apprentissage d’un art culinaire auquel Tampopo se soumet avec une discipline et une assiduité toutes japonaises. Elle est aidée dans cette entreprise par un groupe bigarré: Goro, son ami Pisken qui a un faible pour l’apprentie-chef, ainsi qu’un vieil homme appelé “le maître”.
Les scènes de préparation et de dégustation de la soupe illustrent le lien passionnel que les Japonais entretiennent avec leur cuisine. Juzo Itami entrecoupe le récit de cette quête culinaire de petites histoires satiriques, érotiques et poétiques qui racontent les rituels qui entourent l’acte de manger et les émotions qui en font partie.
Qualifié de “noodle western” par son réalisateur, le film porte un regard ironique et impertinent sur une culture du manger basée sur la rigueur, la précision et la perfection.
Libellés :
voir
02/02/2010
vu # 19
what about getting the good food?
Maira Kalman est illustratrice, auteur et designer et vit à New York.
Son blog sur le site du New York Times, intitulé And the Pursuit of Happiness parle de la démocratie américaine avec style, humour et poésie.
Dans l'épisode “Back to the Land”, elle évoque une Amérique qui vit et consomme fastly fastly, alors qu'elle pourrait le faire slowly slowly. Son reportage illustré raconte ses rencontres avec ceux qui proposent des alternatives: Alice Waters et ses “cours d'écoles comestibles”, Michael Pollan qui répète “eat food. not too much. mostly plants”, et des paysans qui défendent une nouvelle (en réalité ancienne) manière de cultiver, de consommer et de vivre avec les plantes et les animaux.
Un joli regard citadin sur le sujet.
Maira Kalman est illustratrice, auteur et designer et vit à New York.
Son blog sur le site du New York Times, intitulé And the Pursuit of Happiness parle de la démocratie américaine avec style, humour et poésie.
Dans l'épisode “Back to the Land”, elle évoque une Amérique qui vit et consomme fastly fastly, alors qu'elle pourrait le faire slowly slowly. Son reportage illustré raconte ses rencontres avec ceux qui proposent des alternatives: Alice Waters et ses “cours d'écoles comestibles”, Michael Pollan qui répète “eat food. not too much. mostly plants”, et des paysans qui défendent une nouvelle (en réalité ancienne) manière de cultiver, de consommer et de vivre avec les plantes et les animaux.
Un joli regard citadin sur le sujet.
Inscription à :
Articles (Atom)