la cuisine filmée – 3
La grande bouffe, Marco Ferreri, 1973.
Montaigne considérait la gourmandise comme une “science de la gueule”. C'est en experts de cette science que les quatre personnages principaux de ce film, incarnés par Mastroianni, Noiret, Piccoli et Tognazzi, se retrouvent dans une belle propriété le temps d'un weekend, pour un soi-disant “séminaire gastronomique”. Tous semblent se consacrer avec appétit et plaisir à la préparation et à la consommation de repas gargantuesques. La “bouffe” se révèle pourtant très vite être une obsession constante, tout comme l'activité sexuelle qui complète ce monde dans lequel les protagonistes s'enferment peu à peu. De l'impulsion incontrôlable au sentiment d'écœurement, chacun finit par payer de sa vie cette vanité.
Marco Ferreri, qui provoqua un énorme scandale lors de la présentation de ce film au Festival de Cannes de 1973, dénonce ici une classe sociale décadente, qui consomme sans joie ni amour pour soi ou pour les autres. L’audace, l’humour noir, et la crudité du propos donnent à “La Grande Bouffe” une charge réflexive auquel personne ne reste indifférent.
Le réalisateur, s'exprimant à propos de son film à l'époque de sa sortie, déclarait: “On va me reprocher, on me reproche le mauvais goût, la pornographie de ce film. Mauvais goût, bon goût, qu’est-ce que ça veut dire? Le président Nixon, c’est du bon goût? Le président Nixon, c’est le président Nixon.”
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